Forêt et agriculture : la ruine
 
Une quinzaine de communes au bord de la ruine
2 000 hectares de forêts détruites

Les dégâts infligés au patrimoine forestier communal et domanial sont « extrêmement importants, considérables ». Pour M. Ballanger, ingénieur en chef de l'Office National des Forêts, ce qui s'est passé dans les Vosges mercredi soir, est toutes proportions gardées, du même ordre que les dégâts de novembre 1983 dans le Massif-Central. Des forêts, nous a-t-il expliqué hier, sont entièrement détruites sur le passage de la tornade et dans les alentours. Aussi n'est-il pas exagéré de dire que 2 000 hectares de forêts sont touchés totalement ou en grande partie détruites. Le volume de bois détruits, brisés est au minimum de 500 000 mètres cubes.
Plus d'une quinzaine de forêts communales et domaniales sont entièrement rasées. Citons parmi les plus touchées, celles de Vioménil, Ville-sur-lllon, Lerrain, La Haye, Escles, Mazelay, Bouxières-aux-Bois, Hadigny-les-Verrières, Igney, Vaxon-court, Oncourt, Thaon, Ortoncourt, Rehaincourt. La vaste forêt du ban d'Harol est totalement détruite, la forêt domaniale de Darney est touchée, ainsi que la foresterie d'Epinal et les forêts des villages du canton de Rambervillers.

La forêt du Ban d'Harol dévastée presque totalement
500 000 m3 de bois jetés sur le marché
Ces chiffres ne sont en aucune manière exagérés. En effet, hier, les routes forestières étaient encore coupées et les agents de l'ONF, parmi les arbres enchevêtrés, progressaient difficilement. Aussi n'est-on probablement pas au bout de nos surprises.
Les conséquences économiques et financières des dégâts provoqués par cette tornade sont incalculables pour l'instant. Une bonne dizaine de communes vosgien-nes, dont l'essentiel des ressources provient de la forêt, sont aujourd'hui ruinées. Les autres n'ont pas fini de mesurer les lourdes incidences financières de cette tornades.
Par ailleurs, ce volume de 500 000 mètres cubes de bois jeté brutalement sur le marché, va perturber considérablement  les cours du bois. Ce secteur d'activité n'avait pas besoin de cela, d'autant que des événements semblables viennent de se produire en Haute-Marne et en Normandie.
Ces bois sont surtout des bois de trituration, du bois de chauffage et du hêtre. Enfin des difficultés considérables d'exploitation forestière vont se présenter.
 
L'agriculture vosgienne, une nouvelle fois sinistrée
 
Un état-major de crise réuni à Dompaire
A dompaire, avant une réception en préfecture et un important travail sur le terrain
 
 
L'actualité a bousculé le menu initialement prévu de la rencontre entre le directeur départemental de l'Agriculture, M. Petitjean, et les responsables des organisations professionnelles et syndicales agricoles. Une rencontre à priori formelle qui a pris un tour des plus concrets avec changement de décor. La mairie de Dompaire remplaçait en l'occurrence la Chambre départementale d'Agriculture. Au cœur de la région sinistrée, la délégation s'est métamorphosée en un véritable état-major de  crise.
L'agriculture, il est vrai, paie une nouvelle fois un lourd tribut aux aléas climatiques. Aucune catastrophe naturelle ne l'aura épargné depuis deux ans. Inondations et sécheresse l'an dernier. Tornade cette année. Certes, le front des dégâts est limité, mais « l'ampleur du sinistre, devait dire M. Petitjean, récemment promu directeur départemental de l'Agriculture des Vosges, mérite des moyens importants qui seront sollicités auprès des services publics ». C'était en tout cas l'objectif de ce déplacement sur les lieux les plus touchés d'une déléga-
tion qui a pu faire un premier inventaire des dégâts et n'a pas manqué de voir sur le champ, la solidarité paysanne jouer
A l'initiative notamment des organisations syndicales, le CDJA représenté par Daniel Gremillet et Dominique Michel, et la FDSEA (MM. Aubertin et Coanet), ce mouvement prendra la forme de « jumelages » entre les structures cantonales, bases des organisations, et les principales communes sinistrées.
L'urgence, il est vrai, est de mise. Parmi les 'priorités : l'aide à la traite, le remplacement des clôtures, le sauvetage des fourrages et le dégagement des étables. Il n'était qu'à jeter une oreille aux abords d'une porcherie d'Hennecourt pour saisir l'urgence des secours à apporter au troupeau écrasé sous les décombres. Un exemple parmi d'autres du désarroi qui étreint les agriculteurs du secteur touché par la bourrasque. On ne compte plus par ailleurs le nombre de vaches disparues, d'hectares de maïs et céréales détruits.
Sans oublier les arbres fruitiers, détruits à 100 % sur le front de la tornade, « un des fleurons de l'agriculture locale » qui disparaît en somme.
Lieu de coordination de cette solidarité qui s'est concrétisée dès hier après-midi sur le terrain, la Chambre d'Agriculture, dont le président, Robert Parmen-tier, et le directeur, Dominique Fernagu, étaient présents à Dompaire, aux côtés de MM. Romary et Bastien, respectivement président de la Mutualité Sociale agricole et de la Caisse régionale du Crédit Agricole. C'est dire si l'ensemble du monde rural se sent concerné.
A suivre la réunion de Dompaire, l'efficacité des décisions qui y furent prises, augure bien des futures relations entre l'administration et le monde agricole.
L'agriculture paie encore un lourd tribut aux aléas météorologiques
Le C.D.J.A.  : « Pour la mobilisation »
Les jeunes agriculteurs du département n'ont pas été longs à mettre en place un dispositif de mobilisation afin de secourir les agriculteurs sinistrés des cantons de Dar-ney et Dompaire.
En effet, dès 10 h du matin, l'ensemble des CCJA étaient disposés à intervenir suivant les instructions des organisations professionnelles agricoles.
A 14 h 30, 150 agriculteurs étaient sur le terrain pour subvenir aux besoins les plus urgents. Le CDJA des Vosges sollicite pour les jours à venir une telle mobilisation et remercie d'avance l'effort fourni par chacun.
La procédure des calamités agricoles en route
Les organisations professionnelles agricoles informent ;
« Que les volontaires pour les secours sont assurés dans le cadre du plan O.R.S.E.C.
-  Que les agriculteurs ayant subi ce désastre n'ont pas besoin de faire expertiser les dégâts.
-  Que la mise en place des groupes électrogènes reste dangereuse dans la mesure où l'utilisateur renvoie du courant sur les lignes susceptibles d'être réparées.
-  Que les dégâts seront recensés dans les jours à venir dans le cadre de la procédure des calamités agricoles.
Elles demandent aux agriculteurs possédant des groupes électrogènes ainsi que des systèmes légers de traite de les mettre à la disposition des exploitants sinistrés.
Pour toute communication de demandes ou d'offres, contactez la Chambre d'Agriculture au n° 33.00.33.
Elles sensibilisent les agriculteurs des Vosges afin d'établir une solidarité qui est urgente, et remercient d'ores et déjà les 150 agriculteurs qui ont répondu rapidement aux demandes de secours dès le premier jour. »

 
Extraits L.E. du 13 JUILLET