"C'est pire qu'à la Guadeloupe !"
 
Une vision d'apocalypse
Hennecourt Escles et quelque 80 autres communes ravagées
 
EPINAL. - « Vision d'apocalypse », « spectacle dantesque »... les commentaires étaient unanimes hier matin et traduisaient bien le même sentiment. Sur un couloir long de cinquante kilomètres et large de cinq, une tornade s'est abattue avec violence mercredi soir, entre 20 h 30 et 21 heures.
De Monthureux à Hardoncourt, 88 communes vosgiennes sont sinistrées à des degrés divers, l'épicentre du phénomène se situant sans aucun doute dans le secteur de Escles, Lerrain, Ville-sur-lllon, Damas-et-Bettegney, Hennecourt...
Chacun s'accorde à reconnaître qu'il y a eu, dans ce malheur, une succession de miracles. On ne dénombre qu'une dizaine de blessés légers.
Les services de secours, rapidement à pied-d'œuvre, et les agents des différentes administrations et services publics ont contribué à protéger les habitations et à rétablir les liaisons routières, ferroviaires, téléphoniques et électriques. Un gros travail a pu être effectué aux premières heures de la matinée pour ramener la situation dans une fourchette acceptable, mais il faut savoir que pour les désordres restants, l'œuvre sera de plus longue haleine.


Maison effondrée
De nombreuses habitations sont détruites ou fortement détériorées. Les dégâts sont considérables. Fort heureusement, la solidarité a joué. Entre les habitants de Lerrain et ceux de Escles par exemple, les premiers prêtant une cinquantaine de lits à leurs proches voisins. Les agriculteurs ont également montré toute leur bonne volonté et leur courage.
Les dégâts subis par les forêts vosgiennes sont également considérables. Certaines communes sont ruinées, l'intégralité de leur patrimoine forestier ayant été soufflé comme de simples allumettes.
« C'est pire que la Guadeloupe » : ce témoignage du pilote de l'hélicoptère où avait pris place M. Clément Bouhin, pilote qui avait survolé la Guadeloupe lors des dernières tempêtes ayant dévasté l'île, suffira sans doute à prendre conscience des dégâts. Une prise de conscience nécessaire de la part des pouvoirs publics centraux qui, en cette période de vacances, ne sont peut-être pas sensibilisés par cette tempête « là-bas dans les Vosges. »
Difficile de se faire une opinion quand on n'est pas allé sur place. A Epinal, la Moselle coulait hier des heures tranquilles : qui savait qu'à vingt kilomètres de là, des Vosgiennes et des Vosgiens étaient plongés dans la détresse.
Pour être entendu, il faudra sans doute crier fort.
Electricité coupée
Le plan ORSEC a été déclenché à 9 heures
 
Des milliers d'hommes sur le terrain
Voiture bloquée dans les arbres
Dès les premières heures suivant la tempête, d'importants moyens de secours furent mis en œuvre. Secouristes, pompiers, gendarmes, militaires, sans compter les agents des différentes administrations ou services publics, tels que l'Equipement, Electricité de France, SNCF, Télécommunications, Navigation... furent sur le terrain pour secourir les sinistrés et rétablir les liaisons.
Dès les premières heures de la journée, M. Clément Bouhin, en compagnie de M. Arnaise, secrétaire général du département et des conseillers généraux concernés, MM. Jeanroy, Pairon et Paul Didier, purent constater l'ampleur des dégâts en voiture, mais également en hélicoptère. (Le président Poncelet s'est rendu sur les lieux dans la soirée).
A 12 heures, M. Bouhin a tenu une conférence de presse. Il n'a pas caché son émotion, notamment après avoir survolé la région de Escles : « c'était dantesque » (les photographies aériennes de notre confrère Gaston Curien permettent de comprendre cette émotion). Dans le même temps, M. Clément Bouhin tenait à féliciter les services de secours pour le travail effectué durant la nuit.
Dès 9 heures, le plan ORSEC avait été déclenché. La mise en place de bâches fournies par la Protection Civile (700 bâches sont arrivées de Paris en milieu de journée) et une centaine venant des Vosges avaient déjà été installées dans la nuit), mais aussi par l'armée, était une des priorités pour abriter les habitations.
Des centaines de militaires des deux régiments spinaliens furent mis à la disposition des forces de secours pour prêter main forte.
Les gendarmes du groupement des Vosges se voient quant à eux fixer comme principale mission pour les jours à venir, la protection des biens pour éviter les pillages dans les habitations sinistrées.
 
 
Le préfet M. Clément Bouhin, était sur le terrain pour coordonner les secours.
Intervention de l'armée
En état d'alerte dès hier matin, le 170e Régiment d'Infanterie d'Epinal et le 18e Régiment de Transmissions sont intervenus hier en début d'après-midi puis dans la soirée. Le premier dispositif mis en place l'a été à Escles où 54 soldats du 170e R.l. et deux groupes électrogènes du 18e R.T. sont arrivés sur les lieux avec pour mission dé déblayer les toitures et de disposer des bâches sur les maisons d'habitation afin de parer au plus pressé.
Puis, à l'issue de la réunion qui s'est tenue à la préfecture, le dispositif suivant a été mis en place : à Hennecourt, 30 hommes du 18e R.T. avec cinq tentes pour l'hébergement de la population, 30 hommes à Bocquegney ainsi qu'à Vaxoncourt, Gigney et Mazeley du 170e R.l. avec pour mission le décombrement et la pose de bâches.
Le colonel Mougenot commandant le 170e R.l. indiquait hier soir que l'opération se poursuivrait vraisemblablement dans les jours à venir.

 
 
Nous remercions la Protection civile qui, en mettant à notre disposition son hélicoptère, nous a permis de réaliser des photos aériennes.
 
Extraits L.E. du 13 JUILLET